Il est des voyages dont on ne revient pas indemne. Cracovie est de ceux-là. Non pas que l’ancienne capitale de la Pologne manque de charme avec sa basilique Sainte-Marie aux tours asymétriques, sa belle halle aux draps, son château royal et ce je-ne-sais-quoi de   méditerranéen. Ni pour la restauration réussie des mines de sel de Wieliczka. Mais il est, à 60 km de là, une petite ville dont le nom polonais, Oswiecim, évoque bien peu si on n’y donne son équivalent allemand : Auschwitz. Auschwitz est indescriptible. Auschwitz est l’indicible. L’odieuse inscription vous accueille : Arbeit Macht Frei : le travail rend libre. Puis tout défile : les cheveux, les poupées, les savons. Tout cela a existé. Trois km plus loin s’étendait Auschwitz II, Birkenau. La voie ferrée passe sous un portique puis s’arrête au milieu de la  petite prairie aux bouleaux. Là où était la rampe. Il n’y a plus de bâtiments à Birkenau. Quelques ruines subsistent. Birkenau, c’est le silence.

Le silence, seule réponse à la question lancinante : pourquoi ?