C'est un autre conquérant qui, après une longue léthargie redonna un essor à Alexandrie: Napoléon. Il en comprit l'importance stratégique et la développa. Il fut suivi en cela par un jeune général albanais du nom de Méhémet Ali qui battit et massacra les mamelouks, devint sultan d'Egypte et fut le véritable fondateur de l'Egypte moderne. Alexandrie fut alors l'une des cités portuaires les plus prospères de la Méditerranée, elle attira de nombreux commerçants d'origine turque, mais aussi beaucoup d'italiens, une importante colonie juive et de grecs. La colonie grecque d'Alexandrie marqua durablement l'image de la cité. Au XIXème siècle et pendant la première moitié du XXème, Alexandrie constituait l'une de ces grandes villes cosmopolites fleurons de la méditerranée orientale, tout comme Smyrne avec ses colonies juives, arméniennes, turques et grecques, Constantinople, et Thessalonique. L'année 1952 marqua la fin rapide de cette période: Gamal Abdel Nasser prit le pouvoir en Egypte porté par un fort sentiment nationaliste. Les "étrangers" quittèrent Alexandrie et l'Egypte en masse.
Si l'Alexandrie d'aujourd'hui reflète à première vue assez mal cette histoire, il y règne une ambiance particulière qui la rend différente des autres villes d'Egypte et singulièrement attachante. Toute la ville baigne dans cette atmosphère moyen-oriental ruisselant d'odeurs puissantes et de saveurs singulières où le pas lent et silencieux des passants s'oppose au bruit permanent des klaxons et de moteurs. Alexandrie est surtout un immense et joyeux front de mer à la circulation exubérante qui s'étend sur une quinzaine de kilomètres à partir du fort Qaït Bey, construit sur les ruines du phare. Il est d'ailleurs possible de plonger en bouteilles au pied de ce fort pour y voir quelques ruines du phare et des sphinx engloutis. Face à la mer a été édifiée une superbe bibliothèque, réussite architecturale qui vient heureusement rappeler le passé de la grande cité. Elle devrait être complétée par un musée original, situé sous la mer qui permettra grâce à un jeu de vitres de présenter les découvertes faites ici par les plongeurs. A travers projets architecturaux et culturels, la cité voulue par Alexandre le Grand n'en finit pas de renaître.
Jean François Schved Écrivain Hématologue Professeur au CHU Montpellier
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