Quelques nostalgiques et des historiens qui ne peuvent renoncer à la faire précéder de « Bataille de… » continuent de l’appeler Leningrad. Mais la ville ouverte vers l’Europe voulue par Pierre le Grand, ce géant de deux mètres qui unifia la Russie mais n’hésita pas à faire emprisonner sa femme et torturer à mort son fils ne pouvait avoir d’autre nom que celui de son fondateur. Au prix de quelques dizaines de milliers de cadavres, il la fit pousser , tel le lotus bouddhiste, sur des marécages peu propices, la para de toutes les splendeurs dont ses merveilleuses églises orthodoxes russes aux dômes multicolores, ses palais baroques, les rives granitiques de ses canaux qui en firent comme Amsterdam, Bruges et Stockholm la Venise du Nord, et ses deux stars du pays des tsars : la Neva, qui se fige de blanc tout l’hiver durant, et le fabuleux musée de l’Ermitage. La « Capitale sortie du néant » telle que la décrivit Pouchkine a gagné, en trois cents ans ses galons d’éternité.